1. |
Armistice
03:52
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en pluie ou en grêle
de bonheur ou de colère
tombent nos peines
crampons ou bas de laine
elles nous ont écrasés
c’est long que c’est long
les jours resteront les mêmes
mais c’est beau que c’est beau
malgré moi je t’aime
malgré nous on sème la haine
encore une fois je m’abandonne à toi
ton corps une proie qui s’abandonne à moi
délivre mon corps des cernes de notre histoire
tremblent nos torses bombés de nos écorces
ils nous ont déformés
c’est long que c’est long
les nuits ne sont que des vigiles
mais c’est beau que c’est beau
malgré moi je t’aime
malgré nous on sème la haine
la vie me cerne la vis se sert
deux vertus se révoltent en vices
je vois l’amour en temps de guerre
comme deux coups de canon pour l’armistice
je te déleste de mes ennuis
pour mieux revenir à nos moutons
la lumière tombe avec la pluie
pour un homme de moins dans le peloton
encore une fois je m’abandonne à toi
ton corps une proie qui s’abandonne à moi
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2. |
Pieds nus
04:01
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j’ai creusé la terre à la pelle hier
un appel à l’aide un échange de pelle à cuillère
en un rien de temps un espace si grand
j’y ai enterré quelques pensées pour te plaire
j’ai goûté à l’eau d’une rivière la nôtre
libre de crier libre de cracher ton parfum amer
j’y ai même découvert le passé des autres
j’y ai certainement noyé tous mes hivers
mais quand on aura fait tout ce qu’on peut
le vent va nous souffler dans l’dos ça va aller mieux
j’oublierai les peines et tes yeux
mais en attendant que ça n’arrive jamais
les feuilles tombent et bercent nos plaies
pour être heureux
j’ai traîné des restes de tempête toujours
pieds nus dans l’automne prêt pour la neige
des pas immensément doux tapissés de velours
j’ai laissé derrière notre cortège notre lumière
montréal brûle de tous ses arbres
traître de mourir traître de partir sans nous
mais quand on aura fait tout ce qu’on peut
le vent va nous souffler dans l’dos ça va aller mieux
j’oublierai les peines et tes yeux
mais en attendant que ça n’arrive jamais
les feuilles tombent et bercent nos plaies
pour être heureux
quand on aura fait tout c’qu’on peut
le vent va nous souffler dans l’dos ça va aller mieux
quand on aura fait tout c’qu’on peut
ça va aller mieux
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3. |
Polichinelle
05:39
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comme ça m’a plu d’être géant
un peu de contrôle à la dose
ce sont mes mains pleines du volant
de nos accidents que j’endosse
pour attendrir les glissements
sonner l’alerte pour qu’elle fausse
j’en ai fait de doux tremblements
la poudre des gens qui explosent
d’entrée ou de sortie de matière
polichinelle dans l’brasier
à la paix comme à la guerre
rien ne vaut mieux que tes jambes en l’air
cafard à fourmis de reins
accusés de mes petites morts
habillées de tes petits riens
de grâce d’elles même je t’endors
adulé sans être vain
bien au-dessus de ton corps
le mien m’est revenu en main
mais je n’en reviens pas encore
d’entrée ou de sortie de matière
polichinelle dans l’brasier
à la paix comme à la guerre
à la ville comme à la mer
mieux vaut ne rien garder pour soi
rien ne vaut mieux que la chance qu’on a
mieux vaut ne rien penser trop bas
rien ne vaut mieux que tes jambes en l’air
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4. |
Chien de fusil
04:21
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les verbes que tu choisis ne s’accordent pas au passé
j’ai vendu ma mémoire
le temps que l’on a vu va savoir pourquoi a passé
s’est pendu pour un soir de grand jour
réapprivoiser l’amour
réinventer le quotidien
ni dieu ni maître au devant de tes seins
une corde en toi qu’on ne peut pas tirer
une faim en moi qui peut me dévorer
une fin en soi de ne pas voir la fin
l’espace qui nous est nôtre de fil en aiguille file en douce
la patience tourne mes pouces
de but en blanc ta colline et son flanc me sont permis
étendus en chien de fusil
pour désapprendre l’ennui
m’endimancher de mes moyens
ni dieu ni maître au devant de tes seins
une corde en toi qu’on ne peut pas tirer
une faim en moi qui peut me dévorer
une fin en soi de ne pas voir la fin
et je t’ai sur le bout de la langue
en chien de fusil ce n’est que deux fois rien
un hasard en moins au dépend de la chance
au pied de tes pas au confort de tes hanches
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5. |
Le huard
02:15
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je veux perdre mon temps avant de voir c’qu’il y a dehors
chercher autrement un endroit où me poser
un endroit où me cacher
je veux devenir grand
surplaner les décors qu’on a placé devant moi
qui font de l’ombre à ce qui reste d’un soleil
y’a pu d’chemin qui mène à toi
j’irai n’importe où
j’me croise les doigts
aucun destin ne m’appartient
je suis déjà là où j’serai encore demain
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6. |
Halle Berry
04:45
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se retrouver pour mieux se quitter
dans la foulée les pas des uns ne sont pas les nôtres
se dessiner pour mieux s’oublier
à l’envers les miroirs cassent lorsqu’ils nous regardent
partir ensemble pour mieux s’enfuir
l’un de l’autre loin de l’aube l’art des fautes
et on pourrait faire autre chose que perdre la tête
la folie ne laisse pas que des airs de fête
au creux des bras
contre la poussière et les gants de fer
faudrait pas s’entêter à devenir amer entre tes seins
comme au cinéma américain
tourner la langue pour mieux s’embrasser
l’idéal de tous les verbes qui font jouir
fermer les yeux pour mieux s’endormir
illusoire des heures à tuer dans le noir
se réveiller pour mieux rêver
l’un à l’autre loin de l’aube l’art des fautes
et on pourrait faire autre chose que perdre la tête
la folie ne laisse pas que des airs de fête
entre toi et moi
armé jusqu’aux dents j’en ai plein les bras
des couteaux qui ne font que voler trop bas
la lumière ne s’éteint pas et on ne fera pas le poids
devant le cinéma américain
se réveiller pour mieux rêver
l’un à l’autre loin de l’aube l’art des fautes
si toi t’es halle berry
moi je suis qui
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7. |
De jour et d'ennui
02:59
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j’ai fait un croquis de ton visage
j’pas bon en dessin ça l’air de rien
j’ai pris une photo une image
y faisait trop noir y’a rien à voir
si l’oubli reste dans la mémoire
la commode pleine mais pas d’tiroirs
si le temps passe et nous échappe
on va frapper l’impasse avant d’être s’a map
même le chauffage dans le tapis
laisse les pieds froids de jour et d’ennui
comme si on avait jamais pensé
à fermer les fenêtres en février
dehors la chaussée sabotée par la neige
on chausse nos bottes blanches devenues beiges
mon poisson s’est sauvé en l’air
il s’est envolé sur le plancher
la plante dans mon salon perd ses eaux
avorte subitement le projet de vivre plus longtemps
mais pour l’instant j’ai peur de sortir de mon appart’ apathique
tomber dans l’domaine public
détruire ce qui ne m’appartient pas
autre chose que mon mobilier ikea
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8. |
Ronds-points
03:55
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j’ai oublié la joie comme un prénom
à défaut de soi-même
bouffon parmi les rois
méchant parmi les bons
il me restait ma reine
belle comme un fléau
bénite comme le sont
les fidèles au baptême
j’ai hissé le drapeau blanc de l’abandon
à défaut de l’emblème
sans point de retour
je repars au gré des carrefours
mais à peine rendu
je retrouve mes peines perdues
c’est peine perdue
j’ai accroché en vain sur la corde à danser
les vêtements que tu portais
envers et avec tout ce qui se déhanchait
pour ne plus me rappeler
les jours que j’ai troqués pour des pichets de plaisir à rabais
j’ai brandi le drapeau blanc de l’abandon
à défaut de moi-même
sans point de retour
je repars au gré des carrefours
mais à peine rendu
je retrouve mes peines perdues
c’est peine perdue
sans l’ombre d’un parcours
je n’espère plus que mes peines perdurent
et enfin presque rendu
je n’attends plus ton retour
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9. |
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je l’ai prise dans mes mains pis elle s’est brisée
je n’serai jamais pardonné
la plus belle de tes tasses de thé
on a dû attendre que la poussière retombe
des fausses promesses et des alertes à la bombe
un goût une odeur sur le plancher
j’aimerais bien racheter mes fautes
mais je ne sais pas où t’en trouver une autre
je l’ai prise dans mes mains pis elle s’est brisée
je n’serai jamais pardonné
y’a des choses qui sont faites pour les regarder
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10. |
Cimetière
03:23
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elle me fait voir le rose sous la peinture qui tourne au gris
elle ouvre la fenêtre sous les barrures qu’on avait mises
elle me ramène ici de l’endroit où j’étais parti
elle me fait croire
que rien ne meurt tout se perd
tout ce qui a un peu de bon sens se déterre
que l’amour va pelleter les déboires d’une bouffée d’air
mais au cimetière j’commence à manquer d’air
au cimetière je n’fais que creuser mon enfer
au cimetière
elle me prend par la main
me raconte de belles histoires
elle me traîne dehors pour me faire voir autre que noir
elle me ramène ici de l’endroit où j’étais parti
elle me fait croire
que rien ne meurt tout se perd
tout ce qui a un peu de bon sens se déterre
que l’amour va pelleter les déboires d’une bouffée d’air
que la lumière n’est jamais bien loin même en dessous de la terre
mais au cimetière j’commence à manquer d’air
au cimetière je n’fais que creuser m’enfoncer
je n’fais que creuser mon enfer au cimetière
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11. |
Toutes les couleurs
04:05
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pour oublier toutes les couleurs
pour ternir toutes les solitudes
j’ai inventé un jeu qui se joue à deux en noir et blanc
pour faire pleurer l’homme en noir
pour qu’explosent toutes les banques
j’ai inventé une loi qui n’existe pas dans les rues et les ruelles
toutes ces choses que l’on invente
pour se faire à croire que l’on avance
mais comme on perd rien pour attendre
notre perte sera grande
pour rassurer tous les enfants
pour y ranger chaque monstre
j’ai inventé un placard qui ne s’ouvre pas
non ils ne sortiront pas
pour m’endormir tous les soirs
pour finalement t’oublier
j’ai inventé un comprimé
qui se fait valoir par son efficacité
toutes ces choses que l’on invente
pour se faire à croire que l’on avance
mais comme on perd rien pour attendre
notre perte sera grande
notre perte sera grande
non y’a plus rien à comprendre
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12. |
Des lifts à vélo
05:17
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quand les heures qu’on invente se cognent entre elles
l’horloge frappe un nouveau temps
l’alarme réveille le présent pour trafiquer maintenant
quand les airs qu’on fredonne me collent en tête
des phrases qui s’animent avec ta voix qui revient enfin
derrière dans mon dos
à prague ou à zurich
à beijing ou à rio
j’te donnerai encore des lifts à vélo
et quand l’guidon va tourner en rond
que les pneus seront crevés
on se sera rendu quelque part
à creuser les parcs et les boulevards
les lumières vertes brillent comme un phare
on roulera même si y’a plus rien à voir
de grands yeux ou un casse-tête sans la photo
je vois plus loin avec chaque morceau
une mappemonde à vélo
à prague ou à zurich
à beijing ou à rio
j’te donnerai encore des lifts à vélo
et quand l’guidon va tourner en rond
que les pneus seront crevés
on se sera rendu quelque part
y’aura pu de chances qu’on prenne le bord
à prague ou à zurich
à beijing ou à rio
simplement à montréal
pour se rendre au métro
j’te donnerai encore des lifts à vélo
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13. |
Parachute
08:34
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des pas de travers du bout des doigts
les vices et les clous d’une langue de bois
des vieux souvenirs qui ont oublié le moment de te dire de t’en rappeler
les bûches brûlent et recommencent
des têtes de mule qui dépassent les nuances
la pièce pleine de verre cassé
un balai trop de poussière pour ramasser
laisse-nous pas tomber
la tête haute sous les pieds
on est fin prêts pour commencer
laisse-nous pas tomber
couper les fils et se lancer
le parachute peut pas s’écraser
des tours de rein qui tournent en rond
la chaîne se brise quand trichent les maillons
du pétrole rose dans la voiture
une orchidée trop noire pour de la verdure
le châtiment des jours vendus
le bail achève quand l’arbre s’est pendu
l’angle mort est défailli pour autant de coins arrondis
laisse-nous pas tomber
la tête haute sous les pieds
on est fin prêts pour commencer
laisse-nous pas tomber
couper les fils et se lancer
le parachute peut pas s’écraser
une crisse de chute en parachute
criss criss criss criss criss criss criss criss criss
prends-moi par la main retiens-moi attache-moi
le parachute ne verra pas sa fin
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Mathieu Bérubé Montreal, Québec
La banlieue de Saint-Eustache a vu naître Mathieu Bérubé par un clair après-midi de 1993. Il a depuis achevé ses études inférieures et étudié la guitare classique, raffiné son style et distingué ses manières. Il s’agit d’une poésie ludique orientée vers l’autre ; le désir et la sensualité. ... more
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