1. |
Ulrica
04:46
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la ligne est mince
le sable grince
c’est le temps qui s’use et tout m’évince
en attendant le courage
je bâtis des mirages
je roule la bille qui perle mon sac
je rate la cible
tu prends l’attaque
je m’amuse
tu m’écartes
je cherche ma muse
pardonne les loups à la porte de l’appartement
on ne s’est pas connu avant
épargne ton goût
fais fi des hurlements
préserve le ligament
réserve ton lit
on avance des fonds
on dessine des ronds
on impose les compromis sans comprendre le fond
tu accordes ton arc
tu t’en tireras intact
tu prends tes cliques
tu laisses tes claques
j’apprends tes tics
je perds le tact
j’abuse
je dérape
dans le triangle et son axe
la corde est raide
oui mais l’eau est tiède
maintenant que l’air est chaud
je ne donne pas cher de ma peau
on me parle de nuages
je pellete des naufrages
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2. |
Elle et moi
04:03
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du bas de mon plancher
du haut de ses pieds
sous l’angle d’un doute la balance a penché
de longs couteaux dans la nuit
elle est bourreau de mes fuites
elle coupe les gentes dames
les jambes à mon cou
du bas de mon plancher
du haut de ses pieds
au gré de mes chutes la tension a monté
c’est l’émoi entre elle et moi
les semaines et les mois me lassent
et je bois sur les toits d’entre chez elle et chez moi
les parcelles de ces mois
à l’aube de danser au déclin du passé
au clair de la lune l’amour est entré
de longs rideaux sur la scène
je suis bourreau de moi-même
je coupe les gentes dames
les jambes à mon cou
au vent de la raison
de mon souffle crevé
je prends tout mon temps et te laisserai aller
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3. |
Bestiaire
02:55
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j’ai peur de rester ici
vendre ma peau
acheter la paix d’esprit
un peu de repos
j’ai peur de tomber ici
m’enfarger de haut
l’amour d’une seule envie
comme des animaux
d’amont en aval
le courant avale ton écho
le cul en cavale
le corps une cabane d’oiseaux
mais tu n’y atterris que tous les quatre jeudis
j’ai peur de marcher ici
croiser son dos
chaque présence a son prix
réclamé aussitôt
j’ai peur de parler ici
j’ai perdu les mots
la peur d’un seul ennui
comme des animaux
la mort se dévoile
la morsure de tes crocs
le vent dans les voiles
au toucher de ta peau
si j’y atterris un de ces quatre jeudis
là où le fleuve s’agrandit
l’horizon retrouve la surface
j’ai envie d’un face-à-face
et puis de récolter les débris
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4. |
Les fleurs du tapis
05:56
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toi qui fus une moitié retranchée par mes manques
tu amputes des hommes et rapailles les pièces
une lumière un musée jailliront de la fente
je reconnais la muse et ton oeuvre se dresse
moi qui fus à tes pieds j’en ai fumé la plante
qui laisse un talon d’achille plâtré de paresses
faire un tabac d’enfer au comptoir de la banque
le salaire des péchés pour la peau de tes fesses
j’enjambe les fleurs du tapis
à l’eau de rose je lave et j’essuie
j’entends le clairon et je croque à ton fruit
j’enjambe les fleurs du tapis
à l’eau-de-vie je bave
et je suis heureux d’une saison qui portera ses fruits
j’ai relu les ellipses de nos romans-savons
traversé les frontières de nos brèves odyssées
alourdies par l’urgence de presser le citron
à présent il nous reste que la peau à lécher
une année accablée comblée d’hibernation
à sauter les moutons que j’ai déjà comptés
et malgré les solstices toujours la même saison
aujourd’hui aux aguets des abords de l’été
irriguons le jardin érigeons le soleil
aux lueurs du matin je faucherai l’indolence
un amour enchéri reprendra sa cadence
ne me restera plus qu’à trouver le sommeil
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5. |
La soudure
05:49
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sous le signe du cancer
sous un ciel avec ou sans soleil
si sans cesse on se lasse
c’est du même au pareil
à refaire le lit d’il y a déjà un an
à défaire les blancs de mémoire et d’argent
déboucle ma ceinture
laisse-moi tomber à l’eau
érode mes blessures
c’est la mise à niveau
embrase ma peau
embrasse mes os
on reprend la soudure
y’a un cheveu sur la soupe
si je t’ennuie tu t’ennuies de lui
les ponts que je coupe ont terni tes envies
si on est mort dans l’oeuf
je m’en mords les doigts
j’aurai les remords d’un veuf
le pas lent d’un convoi
déboucle ta ceinture
laisse-toi perdre tes eaux
dérobe tes pelures
c’est la mise à niveau
j’embrase ta peau
j’embrasse tes os
et que monte le mercure
on reprend la soudure
perce mes oreilles
je t’entendrai
nos bijoux relayent les chaînes à mon cou
berce son sommeil
j’apprendrai à enrichir ton pouls
dresse son soleil
je t’attendrai si tu attendris les coups
dresse mon soleil
je t’attendrai si tu attendris ses coups
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6. |
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dépression au-dessus du jardin
ton expression est au chagrin
tu as lâché ma main
comme si de rien n’était de l’été
c’est la fin
les fleurs ont perdu leur parfum
qu’emporte un à un le temps assassin
dépression au-dessus du jardin
j’ai l’impression que c’est la fin
je me sens soudain tellement lointain
tu t’es égaré en chemin
tu essaies de me faire croire en vain
que l’amour reviendra l’été prochain
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7. |
Réifié
01:51
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8. |
Sainte-Cécile
05:13
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un nouveau monde comme un point sur un i
la carte de nos terrains d’entente et de mes états d’esprit
le culte d’un corps au son du clairon
annonce les ébauches des ébats
qui profanent le doigté humide d’une croix sur un front
me voilà sur un nuage
la sainte fumée d’une femme
un nom à coucher dehors
j’aperçois le firmament
et je prie la patronne
à tout bout de nos champs
d’être tout feu tout flamme à tout vent
je lui ouvre la crypte qui me sert de maison
puisse-t-elle puiser à ma peau tout ce qui l’endort
on boira le sang et on se mangera le corps
fidèle à nos désirs prochains
et nos premières communions
en chair et en os
le plaisir de la chair et des eaux
devant les vents mauvais venus
dispersés aussitôt
je me repens sur l’autel
de nos ventres qui frémissent
et je prie la patronne d’être le clou de ses offices
un sacrilège
un sacrifice
je me présente sans parure
j’allume un cierge dans la nuit
et je prie la patronne d’être celui qu’elle choisit
de tous les vents qui l’ont menée ici
à l’au-delà des martyrs
je l’invoque et tu l’incarnes
oui je prie la patronne
j’abaisse les armes et je croque à ta pomme
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9. |
La corde sensible
04:30
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poids pesant du passé que l’on porte pourtant
ciel ouvrant de tes jambes qui éclaire en dedans
paradis parties et paris que l’on perd
sous le nez des passants passe l’adultère
l’infini grand se plie à tes lèvres
la sueur de la nuit à la fièvre
comme c’est fragile
tout est lucide
hissez haut la corde sensible
je te veux
je te vois
et que veux-tu voiler de nos corps étendus qui apprennent à mourir
j’irai pendre ce corps à un autre désir
j’irai le long des côtes m’allonger
comme c’est facile
tout est cupide
hissez haut la corde sensible
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10. |
Chanson à répondre
03:19
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je trouverai la faille dans tes remparts
j’ouvrirai la bouche de mes canons
tes décombres seront ce qu’ils sont
j’apprendrai ta langue par tous les noms
je pars au fond de tes méandres
s’il ne reste qu’à me méprendre
je méprends de toi
il pleut des clous
je bois tes coups
tu me martèles et je m’assomme
il n’y a pas de question dans une chanson à répondre
tu passes au travers d’un homme
et je chante seul ce que tu ne dis à personne
je trouverai la faille dans tes remparts
tu me délaisses mais je suivrai la corde
je prendrai le temps par les cornes
j’attendrai le temps de passer l’automne
mais s’il ne reste que décembre
s’il ne me reste qu’à descendre
je descends sur toi
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11. |
L'Âge d'or
04:53
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je tombe
mais toujours à poings fermés
je ris jaune soleil
j'ai des bleus de ciel
tous les lendemains de veille
je veille les feux rouges
et ton drapeau blanc
tous les pieds-de-vent
je vante mon ménage de printemps
mes soldes de saison
je suis en liquidation
j'ai des airs de croque-mort
j'ai la patience de l'âge d'or
il en reste encore une ou deux à décevoir
on vole mes oiseaux de nuit
mon soleil levant
mon sommeil couchant
je porte des humeurs latentes
j'avorte les files d'attente
je tombe
mais jamais vraiment à point
je relève les bateaux qu'on m'a montés
|
Mathieu Bérubé Montreal, Québec
La banlieue de Saint-Eustache a vu naître Mathieu Bérubé par un clair après-midi de 1993. Il a depuis achevé ses études inférieures et étudié la guitare classique, raffiné son style et distingué ses manières. Il s’agit d’une poésie ludique orientée vers l’autre ; le désir et la sensualité. ... more
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